mercredi 31 août 2011

Opération « Neptune Spear » : la Chine sur la piste de l’hélicoptère furtif

Le morceau de la queue de l'hélicoptère furtif écrasé après l'assaut d'Abottabad
La mission de nom de code Neptune Spear visant à tuer Ben Laden, et menée par le commando d’élite des Navy Seals team 6, a permis de révéler l’existence d’un surprenant programme d’hélicoptères furtifs. Si les meilleurs analystes militaires se doutaient de l’existence d’un tel programme, c’est la première fois qu’une telle machine est vue en service actif.

D’après le New York Times du 14 août 2011, les services de renseignement américains sont par ailleurs persuadés que des ingénieurs chinois ont pu s’approcher et photographier de près la queue de l’hélicoptère, à l’invitation des services de sécurité pakistanais.

Un Blackhawk modifié en un inédit « Stealthhawk »

D’après la version américaine de l'opération, les Etats-Unis n'ont pas prévenu les autorités pakistanaises de l'attaque de la résidence du chef d'al-Qaida. Ils ont néanmoins pu voler depuis leur base en Afghanistan jusqu'au cœur du territoire pakistanais sans être repérés par radar.

Le site d'Abottabad

Ce qui semble certain, c’est la présence de trois hélicoptères pendant l’opération, dont sans doute deux UH-60 Blackhawk "classiques" fabriqués par Sikorsky, qui auraient déposé les membres de la Team 6 sur l’objectif. Le troisième engin serait ce fameux Blackhawk furtif modifié.

L'un de ces hélicoptères s'est crashé pendant la mission, avant que deux MH-47 de secours viennent récupérer les personnels qu'il transportait. Avant de quitter Abottabad, les commandos ont détruit l'épave de leur hélicoptère furtif tombé au sol, mais pas entièrement. Un morceau de la queue de l’appareil est ainsi resté, dévoilant un morceau de la poutre de queue, doté d'un étrange rotor anticouple, le petit rotor de queue. Des morceaux éparpillés autour de la résidence ont également été ramassés par les passants venus sur le site de l’assaut.

Gros plan sur la queue de l'hélicoptère

D’après de nombreux analystes, il est certain que la mystérieuse machine d'Abottabbad utilise des technologies qui avaient été développées pour un précédent hélicoptère ISR (Intelligence – Surveillance – Reconnaissance), le RH-66 Comanche, dont le programme a été abandonné en 2004.
Un ancien expert aérien des opérations spéciales explique au website américain Army Times que la forme du fuselage du « Stealthhawk » détruit ressemble à celle du bombardier furtif F-117. Il est argué également qu’un revêtement spécial aurait été appliqué sur le fuselage afin d’absorber les ondes radars plutôt que de les renvoyer.
D’autres photographies des débris de l'hélicoptère dévoilent un capot circulaire sur le rotor de queue de l'appareil, censé réduire fortement le bruit des pales et donc ne pas permettre à l’objectif au sol d'anticiper l'attaque. Le rotor de queue retrouvé sur le terrain permet également de déterminer qu'il comptait cinq pales, et non pas quatre, comme le Black Hawk classique. L'Onera, Centre français de recherche aérospatiale a sur ce point déjà développé la technologie "Blue Edge", reprise par Eurocopter, afin réduire le bruit de ses rotors en fabriquant des pales au design curieux.

Un ancien du Pentagone, Dan Goure, aujourd'hui expert du Lexington Institute, interviewé par ABC News sur cet engin furtif probablement produit par Sikorsky, commente: «C'est une première. Vous ne savez pas ce qui est en train d'arriver sur vous. Et c'est ce qui est important. Car ses appareils arrivent vite et à très basse altitude et si le son ne vous permet pas de savoir qu'ils se dirigent vers vous, vous ne pouvez pas réagir avant qu'il soit trop tard… Cela a clairement participé au succès de l'opération.»

A quoi ressemblerait le « Stealthhawk » ?

Plusieurs représentations de ce mystérieux engin ont été proposées, notamment par David Cenciotti, spécialisé sur les questions d'aviation militaires et par Army Times. Ces vues d’artiste n’engagent que leurs auteurs.






Les causes du crash

Plusieurs raisons expliquant le crash ont été avancées.

L’explication principale serait que la température ambiante était supérieure d’une dizaine de degrés celsius aux prévisions faites par la météo. En effet, les turbines d’hélicoptères sont très sensibles à la chaleur en altitude, et Abbottabad se trouve à 1260m d’altitude. Il peut arriver que les rotations par minute (RPM) du rotor principal de l’appareil chutent subitement dans de telles conditions, ce qui est par ailleurs accentué lorsque les tuyères sont dotées de filtres à infrarouge.

D’autres experts font valoir que des problèmes de portance auraient pu être crées par la réduction des pales et leur présence plus nombreuse. Cette raison parait peu vraisemblable dans la mesure où l’hélicoptère a nécessairement validé toute une batterie de tests avant d’être envoyé en service actif.
Une autre raison, plausible, pourrait intégrer une rafale de fusil d’assaut, au hasard une Kalachnikov…

Une technologie secrète dont les chinois ont probablement pris connaissance

Fin mai, un porte-parole du Pentagone avait annoncé que l’épave de l’engin avait été restituée par le Pakistan et se trouvait désormais aux États-Unis. Mais la queue de l’hélicoptère quasi intacte avait tout de même été récupérée par les autorités pakistanaises, juste après l’assaut.

Citant des responsables proches du dossier ayant requis l’anonymat, le quotidien new yorkais affirme ce 14 août 2011 que les services de renseignement américains ont la certitude que des ingénieurs chinois ont photographié en détail la queue de l’engin écrasé. Ces soupçons des Américains reposent sur des écoutes téléphoniques dans lesquelles des responsables pakistanais proposaient d’inviter des Chinois à visiter les lieux du crash.

Du côté pakistanais, ces affirmations sont fermement démenties : « Tout cela est faux. Ce ne sont que des spéculations. L’épave a été rendue. Il n’y a plus d’hélicoptère [au Pakistan] ».

Dès le mois de mai des rumeurs circulaient sur une demande de Pékin envers Islamabad pour avoir accès à la carcasse de l’hélicoptère. Du côté chinois la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Jiang Yu avait en mai qualifié de « ridicules » ces informations.

Il ne faut pas être naïf, une telle technologie ne s'acquiert pas sur de simples photos, ou sur un échantillon de rotor. Il reste cependant indéniable que les ingénieurs chinois, s'ils sont effectivement en possession d'éléments de l'appareil, vont certainement gagner quelques années de recherches pour un jour, peut-être, arriver à un tel degré d'avancée industriel. Ne soyons donc surpris de voir apparaître plus vite que prévu une technologie furtive chinoise à l’accent yankee…



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