mardi 7 juin 2011

Le marché des drones en Irak

Un Predator en maintenance

Les premiers drones sont apparus dans les années 1960 pendant la guerre du Vietnam. Ils se sont par la suite généralisés depuis plus de 10 ans sur divers théâtres d’opérations, allant du Kosovo à l’Irak, et aujourd’hui en Afghanistan et Pakistan.
Les drones constituent un marché formidablement porteur. En 2010, une étude de Teal Group sur le marché mondial des engins sans pilote prévoit que le marché global des drones (Unmanned Aircraft Vehicle – UAV) passera de $3,4 milliards en 2007 à $7,4 milliards d'ici 10 ans. C’est donc un marché en pleine expansion:

(Source : Teal Group)

Les applications des UAV peuvent être diverses:

Applications militaires :

- mission de renseignement, surveillance, reconnaissance, identification (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance mission systems - ISR)

- d'appui aux opérations, par la désignation d'objectifs (targetting), guidage, engagement d'objectifs d'opportunité

Applications civiles :

- missions de surveillance au profit de la police, de la sécurité civile des douanes : anti-terrorisme, surveillance du trafic routier, lutte contre l'immigration clandestine

- Protection de sites sensibles : installations pétrolières, nucléaires, gazières

- En matière d’environnement : contrôle des pêches, prévision météo, mesures scientifiques) dans le domaine civil

Une catégorisation internationale précise des drones n’est pas encore reconnue. Les critères habituellement utilisés pour différencier les différents produits sont la charge utile, l'endurance en vol, le type de missions et le type de liaisons de données. Le meilleur critère de catégorisation se base sur la masse et le type de charge utile utilisable sur une zone à une distance donnée pendant une durée donnée.

Il émerge ainsi 3 catégorie de drones :
- Les UAV dits stratégiques, les HALE : Haute Altitude Longue Endurance
- Les UAV dits pré-stratégiques, les MALE : Moyenne Altitude Longue Endurance
- Les UAV tactiques, TUAV : plus petits, ils permettent un appui en temps réel aux forces terrestres. Les TUAV comportent deux sous-catégories, les mini-drones et les micro-drones)

Les drones sont déjà très présents en Irak, utilisés par les forces américaines depuis leur arrivée dans le pays. L’Irak constitue d’ailleurs pour les américains un véritable laboratoire expérimental pour le développement de leurs UAV.
Pendant l’« opération Liberté en Irak » du 9 mars au 3 avril 2003, plus d’une dizaine de types de drones différents a été utilisée par l’armée américaine. Ces appareils ont effectué, durant cette opération, plus de 600 missions. De nombreux exemples d’emploi illustrent la diversité des UAV mis en service au cours du conflit. L’US Air Force a projeté principalement le Global Hawk , basé aux Émirats arabes unis et dirigé depuis la base aérienne de Beale en Californie. L’Air Force a également déployé le RQ1-Predator 25, drone qui a la faculté d’assurer à la fois des missions de reconnaissance, d’appui feu et d’attaque.
Pendant L’opération « les Fantômes furieux de Falloujah » du 6 novembre au 29 novembre
2004, la ville de Falloujah a été surveillée par des UAV de type Predator et Pioneer. L’US Army a aussi déployé le RQ-11 Raven, lui autorisant d’être au plus près du théâtre sans se faire repérer et risquer la vie de ses hommes.
La présence des drones américains est telle que cela en devient dangereux pour la circulation aérienne en Irak, aucun véritable standard n’ayant été pris, que ce soit en Irak, mais aussi en Europe ou aux Etats-Unis, pour organiser la circulation des drones parmi le trafic aérien civil et militaire. Seule la Convention de Chicago sur l’aviation civile demande aux Etats signataires de prendre les mesures pour que la circulation des drones ne perturbe pas le trafic aérien. En Irak, le risque de collision entre drone et un avion civil ou militaire est donc élevé, due à la forte utilisation de ces engins par l’armée américaine.

Le départ des troupes américaines prévu pour 2011 annonce un créneau pour le marché des drones en Irak. En effet, après le départ des troupes, l’armée irakienne devra protéger elle-même son territoire national, lutter dans le combat insurrectionnel qui continuera de toute manière après le départ des américains (voire plus intensément), protéger ses installations pétrolières, et lutter contre le trafic de drogue. Ainsi que nous l’étudierons, l’armée de l’Air irakienne (IqAF) est en pleine reconstitution, et elle constitue donc un débouché fort intéressant pour les exportateurs français de drones. Le ciblage des compagnies pétrolières comme clientes potentielles sera aussi à envisager.


QUELS TYPES DE DRONES POUR L’IRAK ?

Cette partie dresse un panorama des différents types de drones, et sélectionne les types engins sans pilotes susceptibles d’être une offre opportune pour le marché irakien. Le tableau ci-dessous illustre la prévision jusqu’en 2017 du nombre de drones produits, selon les différents types.

(Source : Teal Group)

Les HALE :

Les HALE évoluent à plus de 14 000 mètres d'altitude pour une endurance de plus de 24h. Ils font preuve quotidiennement de leur redoutable efficacité dans les opérations de contre guérilla en cours en Afghanistan. Ils sont dévolus au recueil du renseignement d'ordre opératif et surtout stratégique. Le modèle américain GlobalHawk est pour l’instant le seul modèle en service.

Les MALE :

Les MALE ont une endurance d’environ 24h, et ont une capacité de charge utile de 500kg. Ces systèmes sont utilisés pour de la reconnaissance opérationnelle. Le marché des MALE est dominé par les américains, particulièrement avec le Predator et Eagle 1. Les Israéliens sont aussi présents sur le marché des MALE avec le Héron.

(Source: IFRI)
Cliquer sur les tableaux pour les agrandir

Ni les français, ni les européens ne sont pour l’instant fermement positionnés sur le marché des drones MALE. C’est d’ailleurs un véritable débat aujourd’hui : la France serait sur le point d’acheter des MALE américains, des Predator. Selon certains points de vue (le député Bernard Carayon, par ex.), la souveraineté de la France, l’indépendance de sa recherche, et son placement sur ce marché très porteur serait très affaibli si la France venait à choisir ce système américain.
La France s’est dotée d’un système se rapprochant de la technologie MALE, avec le système Intérimaire de Drone MALE (SIDM), le Harfang. Le SIDM était censé à l’origine valider des concepts d’emploi ; sa livraison retardée de 5 ans (2008 au lieu de 2003) a eu pour conséquence son envoi rapide sur le terrain d’opération afghan, auquel il n’était pas initialement destiné. Le Harfang a été livré à l’automne 2008, et mis en service au printemps 2009. Sa grande utilité a été démontrée lors de son emploi au service des forces françaises et alliées de l’ISAF (International Security Assistance Force). Mais un risque de rupture capacitaire est déjà clairement identifié pour le armée française, ainsi que le souligne le rapport parlementaire des députés Vandewalle et Viollet :


Les caractéristiques du Harfang sont les suivantes :

(Source: IFRI)

Il existe en outre plusieurs projets européens de drone MALE. La multitude de ces projets est d’ailleurs analysée par de nombreux experts comme une faiblesse du marché européen. L’offre européenne est sur le point d’être fragmentée si une unification des projets ne s’effectue pas. Il est conseillé aux industriels et aux politiques d’opérer de la même manière que fut conçu le projet spatial européen, aboutissant à la fabrication du lanceur Ariane.
L’offre européenne en terme de MALE est donc pour l’instant inexistante, mais potentiellement efficace uniquement d’ici quelques années si les bonne décisions industrielles et politiques sont prises.

Les projets de MALE en Europe sont les suivants :




(Source: IFRI)

Les drones tactiques, ou tactical-UAV (TUAV) :

Les drones tactiques sont les drones pesant moins de 400kg. Ils permettent aux forces terrestres en opération d'augmenter d’une manière significative, de jour comme de nuit, la perception, en temps réel, d’un théâtre d’opération. Il s’agit très certainement du marché des drones le plus prometteur, selon de nombreux experts.
Dans le cadre de ce secteurs de drones plus petits que les MALE, le secteur privé s’avère être très dynamique et inventif dans l’identification de nouveaux services pour les drones tactiques. Cette classification inclus les drones tactiques proprement dit (moins de 400kg), les mini-drones (moins de 30kg) et les micro-drones (moins de 1kg, au stade expérimental).

- Concernant les drones tactiques, le marché est principalement constitué de drones militaires, relativement simples d’utilisation, capables de voler à basse altitude et ne nécessitant pas de piste de décollage ou d'atterrissage. Comparés aux MALE, les TUAV ont un grand avantage par leur rapidité de mise en œuvre et leur coût d'acquisition et de maintien en condition opérationnelle inférieurs. Leur utilisation est actuellement particulièrement appréciée en Afghanistan. Les TUAV ont une portée allant jusqu'à 200 km avec une autonomie de 5 à 10 heures pour un poids proche de 300 kg en moyenne. Ils évoluent à une altitude de 5000 mètres.
Les drones tactiques les plus utilisés sont le Sperwer développé par Sagem Défense Sécurité. Il est dérivé du drone Crécerelle, et équipe l'armée de terre française (intégré aux systèmes ATLAS et SICF). La firme israélienne Elbit Systems a développé les drones Hermes 180 et 450 . La compagnie américaine AAI Corp produit les UAV Shadow 200 et 400. Enfin, La firme autrichienne Schiebel développe quant à elle le Camcopter à voilure tournante.

- Les mini-drones ont pour la plupart une portée de 10km, pèsent 8kg et ont une endurance de 2h. Ils peuvent évoluer jusqu’à 300m d’altitude. L’armée de terre française utilise le drone conçus par EADS et la PME Surveycopter, le Tracker (aussi appelé : Drone de reconnaissance au contact – DRAC).
Le secteur des mini-drones est très dynamique, et de nombreuses PME y sont présentes. Bertin Technologies développe le Flying Ball et le Hover Eye. Infotron a mis au point un mini drone à voilure tournante. La société Flying Robots, basée en Alsace a développé un mini-drone de transport capable d'emporter jusqu'à une tonne. Son coût est largement inférieur à celui d’un transport d’une heure en d'hélicoptère.

- Les micro-drones ont une portée de 10km, pour une endurance d’1h. Ils pèsent généralement moins de 5kg, et moins de 1kg pour les plus légers. Ils peuvent évoluer entre 100 et 250 mètres d'altitude. Ces drones sont encore à l’état expérimental. Ils intéressent beaucoup l’armée, et notamment les Forces Spéciales. Actuellement, Thales optronique teste le Spy Arrow, dans un projet en coopération avec la section technique de l'armée de terre (STAT).

Sélection des types drones pour le marché irakien

Tous les types de drones, HALE, MALE, TUAV ne peuvent forcément prétendre au marché irakien. Il est nécessaire de faire une sélection au vue des besoins exprimés par Bagdad.
Ainsi qu’il a déjà été mentionné, les missions pour lesquelles les drones seraient utilisés en Irak sont de 3 ordres : protection et surveillance des frontières, protection des installations pétrolières, et contre-insurrection.

On peut donc d’ores et déjà exclure les HALE. L’intérêt des HALE est purement stratégique, et ne correspond pas aux besoins tactiques auxquelles l’Irak fait face : missions d’appuis aux forces terrestre, en temps réel. La niche des HALE doit donc être exclue. Dans tous les cas, il n’existe pas de produits français, ni européen disponible dans cette section du marché.
L’intérêt doit donc être centré sur les deux autres catégories : les MALE, et les Tactical-UAV.

Les MALE, s’ils sont intéressants grâce au double emploi –civil et militaire- dont leurs utilisateurs peuvent jouir, restent tout de même plus coûteux, et moins facile à l’emploi. Les MALE nécessitent en effet d’utiliser une plateforme relativement importante, ainsi qu’une maintenance plus coûteuse que pour les TUAV.
Le produit français disponible dans ce secteur du marché est le SIDM Harfang, décrit précédemment.
La branche des drones tactiques doit être mise en avant. En effet, la France dispose d’un panel relativement étendu d’offre en termes de TUAV. Les PME françaises, ainsi qu’il a été souligné, sont dynamiques dans ce secteur. Le drone Sperwer de Sagem Défense Sécurité peut s’avérer être une option très intéressante en vue d’une entrée dans le marché irakien.

Le créneau en plein développement des mini-drones est celui qui proposera avec certitude le plus d’offres, et qui présente le plus de capacités d’innovations. Une PME à suivre avec intérêt est la société alsacienne Flying Robots.
L’Aerospace Valley (Aquitaine & Midi Pyrénées) est bien évidemment une zone à considérer avec beaucoup d'attention. Fly-n-sense y est la startup qui monte. Actuellement riche de trois drones et d'un quatrième bientôt commercialisable, Fly-n-sense vise les secteurs de la sécurité, de l'industrie, de l'environnement et de la recherche. Les trois engins actuellement commercialisés sont les SEEKER FNS 900, SCANCOPTER CB 750, SCANCOPTER CB 350. (Voir: http://www.fly-n-sense.com/)

Afin de mieux préparer une entrée sur le marché irakien, une analyse des besoins du pays doit être effectuée.


LES BESOINS IRAKIENS EN MATIÈRE DE DRONES

Il est ici question d’établir et d’analyser les différents besoins rencontrés sur le marché irakien.

La protection des frontières

Un besoin exprimé ouvertement: la protection des frontières
Le besoin de drones pour protéger et surveiller les frontières a été pour la première fois exprimé le 17 octobre 2008, lors du Sommet à Washington sur la Sécurité et la Défense de l’Irak. Le Général Anwer Hamed Ahmed a déclaré que l’armée irakienne avait besoin de plus « d’outils sophistiqués » pour protéger ses frontières. Il ajouta que cela pouvait inclure l’utilisation de drones.
La protection des frontières correspond à des missions de renseignement et de surveillance (ISR). Cependant, il faut noter que l’Irak se dote déjà d’appareils pour ces types de missions aux frontières : l’IqAF acquière en ce moment des avions de surveillance Cessna (mentionnés dans les contrats signés par l’IqAF), et certains sont même équipés de missiles Hellfire pour des missions de contre-insurrection.
Le créneau des drones est donc ici déjà occupé par les Cessna pour la surveillance de frontières : cela est donc une limite à l’équipement de drones pour l’IqAF, mais pas un obstacle infranchissable, car les enjeux aux frontières irakiennes sont multiples, et les besoins grands. Des engins sans pilote ont d’ailleurs été déjà livrés très récemment à cette fin.

Les premiers drones livrés à l’IqAF pour la protection des frontières
Un communiqué du ministère de l’intérieur irakien du 31 mars 2010 indiquait que l’IqAF avait commencé à utiliser un drone pour surveiller ses frontières. Il n’est malheureusement pas précisé quel drone a été acheté par l’Armée de l’air.
L’engin sans pilote a débuté ses missions le 15 mars, pour surveiller les frontières de plus de 3600km du pays, a annoncé le porte-parole du ministère irakien de l’Intérieur, le Général de division Abdul Karim Khalaf. Le Général a par ailleurs ajouté que l’utilité du drone était d’autant plus importante qu’il permettait d’observer l’activité des insurgés la nuit grâce aux détecteurs infrarouges dont il est équipé, et qui détectent la chaleur corporelle des combattants. On peut noter qu’il n’est pas un hasard que cette utilisation de drones commence alors que l’Armée américaine et britannique se retire progressivement du pays. On peut considérer que cette acquisition sonne le véritable coup de sifflet pour le départ à la conquête du marché des drones irakiens.

La contre-insurrection et la lutte contre le trafic de drogue

Non seulement l’IqAF doit réaliser des opérations de contre-insurrection à ses frontières, pour observer l’activité d’insurgés, mais elle doit aussi essentiellement se concentrer sur le trafic de drogue. Lors du Sommet à Washington sur la Sécurité et la Défense de l’Irak, le Général Hussein Ali Kamal Ahmedfahmi a rappelé cet enjeu crucial aux américains : "Right now we are in great need of technical assistance concerning the drug business that is coming from Iran into Iraq".
La grande utilité des drones pour la lutte insurrectionelle n’est plus à prouver. De nombreux rapports du Département de la Défense (DoD) américain et experts en ont déjà fait état un nombre incalulable de fois :
« Entre autres raisons, la guerre change constamment parce que les progrès de la technique conduisent à des progrès dans l’“art de la guerre”. L’âge de l’information qui prévaut aujourd’hui a donné naissance à une explosion dans la quantité d’information qui est (ou sera) à la disposition des commandants à tous les niveaux. » (Source : Paul W. Phister Jr. & Igor G. Plonish, « Applications militaires des technologies de l’information », Air & Space power, hiver 2006, p.27-28)

A titre de comparaison: Le cas pakistanais

Il est possible de comparer le marché irakien au marché pakistanais. Ces deux pays disposent d’enjeux géopolitiques similaires tels que lutte contre le trafic de drogue, contre-insurrection, et protection des frontières (avec l’Inde particulièrement). Il est donc intéressant d’analyser quels types de drones Islamabad a acheté, car le besoins sont sensiblement similaires à ceux ressentis par l’Irak.

Acquisitions pakistanaises :

Mini-drones : En mars 2006, le Pakistan annonce des plans d’acquérir des mini-drones EMT Luna d’Allemagne.
Drones tactiques : Le Pakistan utilise très régulièrement des drones pour la protection de sa frontière avec l’Inde, et Islamabad acheté des drones chinois pour ces missions.
En mars 2006, le Pakistan annonce la signature d’un contrat pour l’acquisition de 4 drones Galileo Falco.
MALE : Le 24 avril 2009, le Pakistan demande aux Etats-Unis de les fournir en Predators RQ-1A, et d’autres avions sans pilotes de surveillance (I-Gnat), « en raison de la menace terroriste grandissante », pour effectuer des missions de type ISR.

On voit donc dans la configuration pakistanaise que le marché se limite aux MALE, et que les HALE ne figurent pas en haut des priorités d’acquisitions, comme nous l’avons analysé pour le cas irakien. On peut d’ailleurs remarquer que les premières acquisitions concernent des drones tactiques, et non des MALE. Les drones tactiques sont d’une utilisation relativement simple et d’une polyvalence pour un coût largement en dessous de drones de type MALE. A titre prospectif, on peut donc tout à fait envisager que le marché irakien prendrait cette même direction : D’abord des drones tactiques – ensuite des MALE. Les fournisseurs français devront donc dans un premier temps se concentrer très certainement sur cette première catégorie.


QUELS CLIENTS EN IRAK SUR LE MARCHE DES DRONES ?

L’armée de l’air irakienne (IqAF)

L’armée de l’Air Irakienne –un marché dominé par les Etats-Unis :
L’IqAF grossit en taille, et en capacité. Elle pourrait dont théoriquement être une cible très intéressante pour la vente de drones.
Son personnel est en constante augmentation. En 2004, l’IqAF comportait 35 militaires. En 2007, elle en compte 915, et en 2008 elle augmente jusqu’à 1344 personnes (dernières estimations disponibles).
La flotte irakienne déclarait posséder 300 appareils (avions et hélicoptères) en Janvier 2008.

Les missions de l’IqAF sont pour l’instant de soutenir les forces terrestres :
- Transport de personnel
- Evacuation médicale
- Soutien logistique
- Renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR)

C’est bien-sûr ce dernier secteur qui est à cibler pour la vente de drones.
Les combats aériens ne font pas encore parti des missions de l’IqAF, mais le seront potentiellement d’ici quelques année grâce à la livraison des F-16 américains (contrat toujours en négociation).

Afin de mieux identifier l’IqAF comme client potentiel, il est intéressant de mentionner ses partenaires commerciaux, lors de ses achats depuis la chute de Saddam Hussein. Les premiers contrats significatifs signés par l’IqAF commencent en 2006 :

- Le premier contrat est russe, avec la réception en 2006 de 10 hélicoptères multi-rôles Mi-17/171s, parmi une commande de 28 appareils. Livraisons jusqu’en 2009.

- En 2007, l’américain Raythéon remporte un contrat pour fournir 5 avions de renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR) Beechcraft King Air 350ER, et d’un avion de transport léger Beechcraft King Air 350. Le contrat est un Foreign Military Sales (FMS) d’une valeur de $132.2 million. L’avion est utilisé pour la surveillance des frontières, la surveillance d’insurgés, et la patrouille de surveillance d’infrastructures sensibles. Dernières livraisons prévues courant 2010.

- La compagnie US Cessna fournit en avril 2007 le premier Cessna 208B d’une commande de 6 avions au total. Certains sont équipés pour des missions ISR.

- En 2008, un contrat FMS prévoit la vente par les USA à l’IqAF de 36 Beechcraft AT-6B Texan II pour une valeur de $520 million.

- En décembre 2008, un autre contrat FMS annonce la vente par les américains de 26 hélicoptères armés Bell 407 pour un prix évalué à $366 million.

- Lockheed Martin devrait vendre prochainement 36 F-16 à l’IqAF, dans le cadre d’un contrat déjà en négociation depuis 2008.

- 4 Hawker Beechcraft 350 supplémentaires ont été livrés jusqu’en 2009 depuis le précédent contrat (mentionné précédemment).

- 6 avions de transport américains Hercules C-130J-30 doivent être livrés entre 2012 et 2014.

- Une vente par Eurocopter de 24 EC635 utility helicopters est prévue, avec des livraisons à commencer en 2011. Ce contrat, dont le montant s'élève à €360 millions, inclus un volet de formation des pilotes irakiens sur des hélicoptères Gazelle de l'Aviation légère de l'armée de terre (ALAT) et un volet maintenance et soutien technique de ces derniers.

Le marché représenté par l’IqAF dispose d’un tropisme à la fois flagrant vers les Etats-Unis, mais aussi naturel, dû à l’intensité de l’engagement américain dans le pays. Dans le secteur aérien, la domination est donc incontestablement américaine. On pourrait à partir de ce constat presque conclure à une quasi-fermeture du marché de l’Armée de l’Air irakienne. Ce monopôle des entreprises américaines s’effectue par le biais des Direct Commercial Sales (DCS) et des FMS.
Mais n’y aurait-il tout de même pas une place pour la France ?

Une participation envisagée de la France à l’équipement de l’IqAF : un formidable créneau pour les drones
La France reste pour l'instant un partenaire économique marginal de l'Irak. En 2009, les exportations françaises ont doublé pour atteindre €413 millions, mais elles restent bien loin des niveaux connus lorsque Paris était le partenaire privilégié du régime de Saddam Hussein, dans les années 1970-80. La vente des 24 hélicoptères par la France annoncée en 2009 nous invite à envisager un début de partenariat aérien militaire entre les deux pays.

Une déclaration du 3 juin 2010, du Premier Ministre irakien Nouri al-Maliki est ainsi encourageante. Alors que le retrait progressif de l'armée américaine d'Irak doit être achevé d'ici la fin 2011, le Premier ministre a invité la France à participer à son développement militaire : "Les relations entre la France et l'Irak se renforcent et nous espérons une plus grande coopération et un plus grand soutien de nos forces armées, concernant des équipements militaires modernes et l'aviation pour protéger notre espace aérien et nos frontières terrestres et maritimes", a-t-il indiqué dans un communiqué après une rencontre avec Boris Boillon, alors ambassadeur de France à Bagdad.
L’ambassadeur a d’ailleurs ajouté : "L'Irak doit développer et renforcer ses capacités de défense et sa protection des exportations de pétrole qui vont augmenter au cours des prochaines années, ce qui nécessite l'acquisition d'avions modernes le plus vite possible", a ajouté le Premier ministre.
Cette déclaration doit être perçue comme un formidable créneau pour la vente de drones, car les besoins exprimés par M. al-Maliki se révèlent correspondre exactement aux missions des drones : protection de l’espace aérien et des frontières terrestres et maritimes ; protection des exportations de pétrole.

Les compagnies pétrolières en Irak

L’identification des compagnies :
Ainsi que le rappelle Nouri al-Maliki, l’un des besoins du pays est de protéger les exportations pétrolières. Il faut donc compter les compagnies pétrolières parmi les clients potentiels. On peut mentionner les compagnies présentes sur le territoire irakien.

Compagnies pétrolières et gazières internationales :
- BP, CNPC, ENI, Exxon, Gazprom, Japex, Kogas, Lukoil, Occidental, Petronas, Shell, Sonangol, Statoil, Total, TPAO.


Compagnies pétrolières et gazières nationales :
- Iraq National Oil Comp. (filiales: North Oil Company, South Oil Company) , Maysan Oil Company, Midland Oil Company, Iraqi Oil Exploration Company

Il est nécessaire de se focaliser avant tout sur les entreprises nationales pour la vente de drones, ou alors sur les entreprises françaises présentes sur le territoire irakien : Total.
Rappelons que pour la protection d’infrastructures civiles, il s’agira de vendre des drones et des plateformes civiles et non militaires.

Quel type de drone pour les compagnies pétrolières en Irak ?
A un prix abordable, et permettant donc une acquisition de plusieurs produits à la fois, la catégorie des drones tactiques peut s’avérer le secteur le plus intéressant. Les mini-drones devraient d’ailleurs être très certainement une offre à privilégier, faciles à utiliser dans le secteur civil, et adaptable assez facilement.

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