mercredi 8 juin 2011

Israël, puissance nucléaire


Israël dispose avec certitude de capacités nucléaires depuis 1958, date à laquelle un avion de reconnaissance américain de type U-2 survole le site de Dimona, et confirme les soupçons de Washington sur l‘existence d’un programme nucléaire israélien. Cependant le flou stratégique quant aux capacités nucléaire de Tel Aviv restera quasi-indemne jusqu’aux révélations de l’ingénieur Mordechai Vanunu au journal britannique The Sunday Times en 1985.
La construction du réacteur Plutonigène de Dimona est le fruit d’une coopération avec la France, instituée dans le Protocole de Sèvres en 1956 . Suite à des pressions françaises, le premier ministre David ben Gourion confirma publiquement l’existence de ce réacteur en 1960, mais affirma qu’il n’avait qu’une finalité civile .
Il n’est pas avéré qu’Israël ait réalisé des essais nucléaires. Néanmoins, certains experts affirment que les armes correspondant aux déclarations de Moredchai Vanunu dans le Sunday Times aurait nécessité des phases de test. Plusieurs hypothèses ont été évoquées :
Une coopération avec l’Afrique du Sud aurait permis à Tel Aviv d’effectuer un essai le 22 septembre 1979 à 00h53 GMT dans les eaux sud-africaines de l’Atlantique sud. Cet évènement est potentiellement corroboré par la détection d’un double flash pouvant correspondre à une explosion nucléaire atmosphérique d’une puissance de 3 kilotonnes, par un satellite américain de détection d’essais nommé Vela. Une telle coopération stratégique aurait démarré en 1970. Israël aurait partagé sa technologie nucléaire avec l’Afrique du sud en échange de matière fissile. L’existence de ce programme fut confirmée par Nelson Mandela en 1994 lors de son arrivée au pouvoir.
Parmi les autres hypothèses d’essais nucléaires, le magazine militaire d’Allemagne de l’Ouest Wehrtechnik affirmait en juin 1976 qu’Israël avait effectué un essai dans le désert de Néguev en 1963. De même, la réalisation de « test zero yield », c'est-à-dire d’essais non nucléaires (test d’implosion) a été relatée dans un rapport commun de l’institut américain USAF Counterproliferation Center, de l’Air War College, de l’Air University et de la base de l’US Air Force Maxwell en Alabama, en septembre 1999 . Une autre version relève qu’Israël aurait bénéficié des résultats des essais français en Algérie réalisés entre 1961 et 1966.

Israël se distingue des autres puissances nucléaires dotées et non-dotées par sa doctrine d’ambigüité qu’elle entretient depuis les révélations de Mordechai Vanunu, qui est la base même de sa stratégie de dissuasion. Cette posture déclaratoire est tout à fait bien résumée par la déclaration de Shimon Peres en décembre 2006 : « Israël n’a pas à dire ou ne pas dire si elle dispose ou non de l’arme nucléaire, il suffit que l’on craigne que nous la détenions et cette crainte constitue elle-même un élément de dissuasion ». Aucun dirigeant israélien n’a ainsi publiquement reconnu de capacité nucléaire. L’exception à ce principe est le lapsus du Premier ministre Ehud Olmert, qui a inclus son pays dans la liste des Etats possédant la bombe atomique lors d’une interview à une chaine de télévision allemande: «Nous n’avons jamais menacé un pays d’annihilation. L’Iran menace ouvertement, explicitement et publiquement de rayer Israël de la carte. Pouvez-vous dire qu’il s’agit du même niveau de menace lorsqu’ils [les Iraniens] aspirent à avoir des armes nucléaires, comme la France, les Américains, les Russes et Israël ?». Malgré cette déclaration, le gouvernement de Tel Aviv continue de conserver ce secret de polichinelle comme base de doctrine de dissuasion.
La première des justifications de cette politique est avant tout la défense de l’Etat d’Israël, dont l’existence n’est pas reconnue par la plupart de ses voisins arabes de la région. Deuxièmement, Tel Aviv estime que l’étroitesse de son territoire et sa situation géographique et géopolitique ne lui offrent pas une profondeur stratégique aux garanties suffisantes pour accueillir une attaque conventionnelle en toute circonstance.

Les capacités nucléaires israéliennes recouvrent potentiellement les trois composantes aériennes, terrestres et maritimes. La composante aérienne reposerait sur des avions de chasse chargés de bombes nucléaires à gravitation. La composante terrestre recouvrirait des missiles balistiques sol-sol Jericho I, d’une portée de 500km et Jericho II d’une portée de 1500km. La composante maritime, régulièrement évoquée, correspondrait à une modification des missiles anti-navires Harpoon équipant les sous-marins israéliens.

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