mardi 7 juin 2011

Vers un monde sans armes nucléaires?

Geopoliticus child watching the birth of the new man, Salvador Dali, 1943

Le discours de Prague de Barack Obama met l’humanité face à un choix, et la France a clairement pris position. Ce choix découle d’une question cruciale : que doit faire l’Humanité de l’héritage de mort du 20ième siècle ? Le nouveau paradigme que propose Barack Obama donne une chance à l’Humanité de donner une direction au 21ème siècle, une direction qui soit différente de celle empruntée par le 20ème siècle. C’est une mise au défi, une croisée des chemins, où l’Humain doit choisir de donner raison ou tort à cette formule terrible : « l’évolution humaine est une croissance de la puissance de mort ».

Le 20ème siècle a semblé donner raison à cette formule, mais Barack Obama offre l’opportunité de prendre en considération ce passé pour mieux dessiner notre avenir, car comme l’évoque si bien la formule de Fernand Braudel : « Le présent sans le passé n’a pas d’avenir ».
Hiroshima a montré l’ambivalence de la science, synonyme de progrès mais aussi désormais de destruction. C’est un tournant dans l’Histoire de l’Homme, et c’est ce qu’appelle Edgar Morin « la mort de la modernité » : « si la modernité se définit comme foi inconditionnelle dans le progrès, dans la technique, dans la science, dans le développement économique, alors cette modernité est morte. » Il faut désormais faire renaître la modernité, mais l’Humanité doit choisir les conditions de cette renaissance, avec ou sans cette «puissance de mort» que sont les armes nucléaires.
Faisant face au passé, B. Obama choisit la disparition des armes nucléaires. La France choisit de les conserver. Au lieu de chercher à faire disparaître cette « puissance de mort », la France voudrait la contenir. Mais pour donner une réponse juste à ces interrogations, et faire renaître la modernité dans des conditions propices à la vie, et non à la mort, il doit être posé cette question fondamentale : le Monde sera-t-il plus sûr sans armes nucléaires ? A moins que l’être humain ne soit libéré de ses pulsions de mort, la disparition des armes nucléaires ne fera que sonner un retour vers des guerres au moyens d’armes conventionnelles, mais de plus en plus puissantes.

Partant de ce constat, l’idéologie française de dissuasion est rationnelle, mais faire reposer la stabilité mondiale sur la peur de l’autodestruction ne peut marcher indéfiniment. C’est une solution à court terme à l’échelle de l’humanité. La seule solution réside dans un changement de nature de l’être humain. Autrement dit, cette solution n’existe pas.

Si on ne peut espérer aucun changement dans sa nature, l’Homme peut en revanche changer de conviction. Une nature reste, les idées changent. L’espoir réside dans les Lumières, dans la capacité des peuples à sortir de l’obscurantisme, et dans la capacité des dirigeants à gouverner de bonne manière. Comme le dit Condorcet, « Raison, Tolérance, Humanité » sont les maîtres mots. Lorsque des nations possèdent une capacité d’autodestruction, leurs dirigeants doivent être à l’image du souverain décrit par Platon dans La République, faisant du philosophe le chef de la cité. Dans un monde nucléarisé, l’Homme sera-t-il sauvé par la philosophie ?

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